Comment devenir un faux prêtre au Japon – une interview

Chers amis, chers visiteurs,

Aujourd’hui, je vous propose de parler des cérémonies de mariage au Japon, et plus particulièrement de celles qui ont lieu suivant un rite chrétien. Avant la fin de cet article, mes amis croyants vont penser que je fais exprès de le choquer mais non, pas du tout : au contraire, nous en sortirons tous grandis et armés d’une meilleure compréhension de l’humanité. Etes-vous prêts ? Commençons.

De manière surprenante, 60 à 70% des mariages japonais sont célébrés avec une cérémonie chrétienne (de rite anglican dans la plupart des cas). C’est paradoxal, car les japonais sont loin d’être majoritairement chrétiens : au contraire, le bouddhisme et le shintô -qui est la religion traditionnelle du Japon, une forme d’animisme – dominent largement dans la population. On compte à peine 3 millions de chrétiens dans le pays (moins de 1% d’une population de 126 millions), parmi lesquels un peu moins de 60 000 anglicans.
Pourquoi les japonais choisissent-ils de se marier durant une cérémonie chrétienne, me demanderez-vous ? Et surtout, comment y parviennent-ils puisque, a priori, aucun prêtre ou pasteur occidental n’accepterait de marier un couple qui non seulement n’appartient pas à sa religion mais en plus désire seulement une cérémonie sans aucune séance de catéchèse ou de préparation au mariage ?

St-Andrew

Photographie publicitaire pour la chapelle de mariage de St-Andrew à Kyoto.

Pour répondre à la deuxième question, la vaste majorité de ces mariages sont tout simplement célébrés par de faux prêtres. Ces faux prêtres sont des laïcs, en général des expatriés occidentaux à la recherche d’un petit travail. Le fait qu’ils soient occidentaux correspond à une demande du public, qui souhaite recréer les scènes de mariages des films hollywoodiens à succès.

Les faux prêtres sont engagés par les prestataires de services : ils portent de fausses soutanes ou chasubles fournies par la compagnie et officient dans de pseudo-chapelles situées dans des hôtels ou dans des bâtiments spécialement prévus pour cela, dont l’architecture ressemble à celle des églises occidentales mais qui n’appartiennent à aucun diocèse et ne sont en rien des endroits consacrés. La vaste majorité des mariages de rite anglican au Japon, i.e. tout simplement la vaste majorité des mariages japonais, est célébrée de cette façon.
On trouve assez facilement des enregistrements vidéo de ces mariages sur youtube. Admirez :

https://www.youtube.com/watch?v=wjnPOYMezNs

Pour donner des chiffres concrets, en 2012, le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales au Japon a enregistré 668 000 mariages – donc, en comptant de manière prudente 60% de cérémonies « chrétiennes » parmi eux, on obtient qu’autour de 400 800 mariages ont été célébrés par des faux prêtres cette année-là.

J’ai envie de laisser les personnes qui rencontrent cette idée pour la première fois se remettre de leurs émotions un moment. Je suis athée, mais j’ai malgré tout été prise complètement au dépourvu lorsque j’ai entendu parler de ce phénomène pour la première fois : il semble bien qu’il y a une part de sacrilège là-dedans. Cependant, les japonais qui choisissent ce type de cérémonie n’en ont pas du tout conscience : ils ne souhaitent en aucun cas se moquer de la religion chrétienne en se faisant marier par de faux prêtres.

Reprenons donc au début : pourquoi les japonais souhaitent-ils se marier selon un rite chrétien ? Ne sont-ils pas bouddhistes ou shintoïstes ?

En réalité, ils sont en général les deux en même temps, et c’est pourquoi il ne leur parait pas si étrange d’ajouter les rites d’une troisième religion, le christianisme, aux leurs. En effet, la plupart des japonais, au cours de leur vie, participent à la fois à des rites shintô (notamment pour fêter des naissances, mais aussi dans le cadre de grands festivals populaires) et bouddhistes (en particulier lors des enterrements). Ils sont donc bouddhistes et shintoïstes à la fois.

Image publicitaire pour la chapelle de mariage de St-Bath, à Osaka, où une des mes amies s'est mariée 'religieusement'. La chapelle propose un service de location de robes de mariées et des séances de photographies romantiques où les deux amoureux se tiennent la main, seuls dans la chapelle déserte.

Image publicitaire pour la chapelle de mariage de St-Bath, à Osaka, où une des mes amies s’est mariée « religieusement ». La chapelle propose un service de location de robes de mariées et des séances de photographies romantiques où les deux amoureux se tiennent la main, seuls dans la chapelle déserte.

Cela nous parait étrange parce que notre culture occidentale a été très marquée par le christianisme monothéiste. L’idée qu’il faut choisir une religion et s’y tenir est logique quand cette religion (Christianisme, Judaïsme, Islam…) a pour idée principale de déclarer que l’Eternel est notre dieu et qu’il faut renoncer à tous les autres, lesquels sont de fausses idoles.
Mais le bouddhisme est le shintô ne disent rien de tel. Ce sont des systèmes polythéistes et ils est facile, pour un croyant, d’imaginer que les saints bouddhistes et les dieux du shintô coexistent dans un vaste panthéon, chacun occupant des domaines différents. Ou encore, on peut développer un système de parallélisme entre shintô et bouddhisme où la grande déesse solaire du shintô, Amaterasu Omikami, serait un des visage du Bouddha – et plus particulièrement, d’après les penseurs japonais de l’ère de Heian (IXe – XIIe siècle), le bouddha cosmique Vairocana. Par conséquent, se dire bouddhiste et shintoïste à la fois n’est pas une contradiction.

Grande statue du bouddha Vairocana à Aomori, Japon. (photographie : Wikimedia Commons)

Grande statue du bouddha Vairocana à Aomori, Japon.

Pour comparer le Japon avec une situation dont les occidentaux cultivés ont entendu parler, il est facile de noter des similarités avec l’histoire religieuse de l’Empire Romain. Les citoyens romains adoptaient parfois des dieux étrangers (Isis l’égyptienne en particulier) ; par ailleurs, les dieux étrangers étaient souvent identifiés avec des dieux romains existants (nous connaissons tous les correspondances entre les dieux grecs et romains, Zeus-Jupiter, Hadès-Mars, etc.).
En occident, ce foisonnement de dieux et ce syncrétisme appartiennent au passé lointain puisqu’ils ont été remplacés par le monothéisme chrétien. Au Japon, en revanche, ce phénomène est plus qu’actuel et fait parti de la vie de tout un chacun.

Notons par ailleurs que le polythéisme-syncrétisme des japonais n’est pas du tout exceptionnel en Asie. En Chine (j’en parlais récemment), il est parfaitement possible d’être à la fois bouddhiste, taoïste et confucianiste. En Mongolie, les rites de la religion locale chamaniste et du bouddhisme coexistent également, et les même personnes pourront participer aux deux. Et ainsi de suite.

Stupa et ovoo

Au premier plan : stupa bouddhiste. Au second plan : un ovoo chamanistes. Les deux servent à marquer le sommet d’une colline et à rendre hommage à ses esprits. Photographie personnelle prise en Mongolie, dans la région des monts du Khentii, en 2012.

Cela ne veut pas dire que les japonais (ou les chinois, ou les mongols avec leurs religions respectives) sont tous exactement 50% bouddhistes et 50% shintoïstes. Au contraire, ces religions sont très différentes et chacun va vers ce qui l’attire. Le shintô est une religion animiste, qui se préoccupe du lien de l’Homme avec la Nature. Etant la religion traditionnelle locale, il met aussi le Japon et son peuple au centre de ses préoccupations. Les personnes à l’état d’esprit nationaliste – ou les périodes de l’Histoire où le nationalisme est prééminent, comme la Seconde Guerre Mondiale – se tournent donc davantage vers le shintô. Plus récemment, les personnes qui se préoccupent d’écologie (à l’image du grand réalisateur Miyazaki Hayao) font également volontiers référence à cette religion.

A l’inverse, le bouddhisme n’est pas à l’origine une religion japonaise et il prône le détachement des passions. De plus, contrairement au shintô qui se préoccupe de la vie et de la Nature, le bouddhisme possède une doctrine de l’âme et de l’au-delà beaucoup plus développée. Nombre de personnes âgées ou ayant une tournure d’esprit contemplative se déclarent donc en premier lieu bouddhistes. Cependant, elles ne refusent pas pour autant de prendre part à des rites shintô, surtout lorsque ceux-ci peuvent être pratiqués avec toute leur famille.

Chihiro et son ami le dragon Haku, personnification animiste d'une rivière. [image tirée du film

Chihiro et son ami le dragon Haku, personnification animiste d’une rivière.
(image tirée du film « le Voyage de Chihiro », réalisé par Miyazaki Hayao et produit par les Studio Ghibli en 2001 – le temps passe vite.)

De la même façon que le bouddhisme et le shintô représentent des facettes différentes de la spiritualité japonaise, les cérémonies pseudo-chrétiennes apportent une nouvelle saveur. C’est l’une des raisons qui expliquent que les couples japonais choisissent une cérémonie pseudo-chrétienne.

Avant de nous lancer là-dedans, notons tout d’abord qu’il existe des raisons pratiques pour choisir une cérémonie pseudo-chrétienne. Il existe des cérémonies shintô de mariage, mais, entre offrandes rituelles, salaire des prêtres, coût des kimono traditionnels etc., elles coûtent extrêmement cher et sont hors de portée des personnes issues de la petite bourgeoisie ou de la classe ouvrière. En revanche, une cérémonie de mariage pseudo-chrétienne peut se faire à l’économie : il suffit de choisir une petite chapelle et de porter une robe de mariée de location, ce qui est très courant au Japon. Le choix des jeunes couples issus de milieux modestes est donc souvent non pas entre une cérémonie shintô et une cérémonie pseudo-chrétienne mais entre une cérémonie pseudo-chrétienne et pas du tout de cérémonie.
De manière anecdotique, plusieurs de mes amies ou connaissances japonaises se sont mariées durant de très belles cérémonies shintô. Mais ces jeunes femmes sont toutes issues de milieux aisés – leurs parents sont avocats, ou ont fait de belles carrières dans la fonction publique, etc.

Un mariage shintô au temple Meiji-jingu à Tokyo.
(photographie du peintre/photographe Michel Berberian)

Une autre raison de choisir une cérémonie pseudo-chrétienne est évidemment l’influence de l’occident dans le domaine socioculturel. La vogue actuelles des grands mariages, que l’on retrouve partout dans le monde, a été lancée par l’opération de propagande de la monarchie britannique qu’a été le mariage du Prince Charles et de Diana Spencer en 1981. Au Japon, l’actrice et chanteuse Momoe Yamaguchi a également influencé le mouvement en se mariant en 1980 dans une cérémonie de style occidental. Les scènes de mariages dans les films hollywoodiens et les séries télévisées, où l’accent est mis sur l’émotion mais certainement pas sur la doctrine chrétienne, ont confirmé cette vogue.
Puisque « c’est ce qui se fait », une amie qui s’est mariée dans une cérémonie shintô a même fait suivre cette cérémonie par une cérémonie de style anglican, un peu comme une personne fait suivre un mariage à la mairie par une cérémonie religieuse en France. Elle m’a raconté qu’elle n’avait pas du tout apprécié la cérémonie shintô car le kimono traditionnel avait été très inconfortable à porter et l’empêchait de bouger : en revanche, sa cérémonie « chrétienne » avait été l’une des expériences les plus heureuses de sa vie. De mon côté, en bonne 外人 (gaijin, « étrangère »), j’étais évidemment beaucoup plus séduite par les photographies sublimes de la cérémonie shintô.

Mariage télévisé de Yamaguchi Momoe (1980)

Mariage télévisé de Yamaguchi Momoe (1980)

On peut aller plus loin dans la recherche des facteurs qui favorisent cette vogue. Arrivé à ce point de la conversation, il devient nécessaire d’introduire un témoignage pour rendre les choses plus concrètes. En effet, il me faut vous avouer que je connais un jeune homme qui a exercé le métier de faux prêtre au Japon et que c’est même un ami. Je l’ai évidemment bombardé de questions pour essayer de clarifier le problème. Je fais ça pour vous : ne me remerciez pas.

Nous appellerons mon ami Jean-Paul car il ne souhaite pas que le premier résultat d’une recherche Google de son nom soit « Jean-Paul [SonVraiNom], faux prêtre au Japon ». Personnellement, je n’y comprends rien : si j’avais exercé un métier aussi épique, je porterais constamment un badge annonçant « j’ai été faux prêtre au Japon, posez-moi des questions sur mon expérience ». (1)

Comment s’est-il retrouvé là-dedans ? Etudiant en échange dans une université japonaise en 2007, Jean-Paul cherchait un petit travail pour se donner les moyens de rendre visite à des restaurants de haute cuisine japonaise. Son colocataire, un étudiant australien, devait bientôt quitter le pays et proposa à Jean-Paul de lui léguer son propre travail avant de partir. Ce travail, apprit alors Jean-Paul, était d’être bokushi (牧師 ou « pasteur »), dans une église. C’était la première fois que mon ami entendait parler de ce genre de choses. Il fut passablement étonné :

« Je lui ai dit que je n’était pas protestant, ni même croyant d’ailleurs, et que je ne comptais pas me faire ordonner, me raconte-t-il.
« Mais mon colocataire m’a répondu que ce n’était pas un problème. Tout ce dont j’avais besoin était d’être occidental, avoir une tête sympathique et être capable de prononcer de façon compréhensible du japonais.
« J’ai été surpris, mais contrairement à plusieurs personnes dont j’ai appris par la suite qu’elles avaient réagi en premier lieu par un sentiment de malaise, je confesse avoir été avant tout très excité.
« Pour moi, le Japon était une grosse boîte de chocolat, et je voulais goûter à tous les chocolats. Être pasteur à Tokyo me semblait une formidable expérience. »

Armé de cette ouverture d’esprit à toute épreuve vis-à-vis des rites contemporains du mariage au Japon, mon ami s’est donc retrouvé à y consacrer ses dimanches de septembre 2007 à mars 2008, date à laquelle son échange universitaire s’est terminé. Au passage, il y a gagné beaucoup plus d’argent que moi, qui travaillais en tant que serveuse à Kyoto à la même époque. Mille damnations sur toi, cher Jean-Paul : la jalousie me dévore.

Une chapelle de mariage et, au premier plan, sa boutique de location de robes de mariée.

Une chapelle de mariage et, au premier plan, sa boutique de location de robes de mariée.

[Si vous voulez des données chiffrées, et si vous voulez lire son témoignage dans sa totalité, vous la trouverez à la fin ou en cliquant ici.]

Jean-Paul m’apprend, et mes recherches le confirment, que les cérémonies pseudo-chrétiennes se déroulent à la fois en japonais et en anglais, avec plus ou moins d’anglais selon ce que désirent les couples. Je lui laisse la parole pour en raconter le déroulement :

« J’avais une fausse bible où, à l’intérieur, étaient écrits tous les textes à lire et les détails du déroulement de la cérémonie. Tous les textes étaient écrits en caractères latins, même les textes japonais, ce qui facilitait grandement la tenue de la cérémonie. »

Le pasteur avait des antisèches.

« Tout le monde s’installait dans la chapelle, puis j’arrivais.
« Je demandais à l’assemblée de se lever, puis le marié entrait, puis la mariée, accompagnés de leur mère et père. Nous chantions tous ensemble un chant classique religieux. Comme je chante très faux, des choristes prenaient souvent les choses en main après la première phrase. »

Cher ami, par pure jalousie envers ton travail épique sache je me réjouis du fait que tu chantes très faux. Pendant que tu commandais à toute une assemblée de se lever, j’étais serveuse, je le rappelle.

« Ensuite, je demandais à tout le monde de s’asseoir et venait le temps des lectures de passages de la bible et des vœux aux mariés. Ces vœux avaient été rédigés par ma superviseuse japonaise après qu’elle s’était entretenue avec les mariés.

« Je demandais ensuite aux mariés de répéter après moi les vœux de mariage. Puis je tendais les alliances aux mariés, puis je leur demandais de s’embrasser, et enfin de signer des papiers qui n’ont rien de légal : ils sont un simple souvenir. »

« A la fin de la cérémonie, l’assemblée jetait des pétales de roses sur les mariés et ils quittaient la chapelle accompagnés par des chants ou par la musique de leur choix – parfois de la J-pop.
« Toute la cérémonie ne devait pas durer plus de 30 minutes, car il y avait un mariage toutes les heures et il fallait laisser assez de temps pour préparer la chapelle pour le couple suivant. »

Raconté de cette façon, cela parait très mécanique – quoique pas plus que certains rites promus au rang de tradition par le « wedding industrial complex » occidental. Si ce n’était le faux christianisme, on reconnaîtrait facilement une des caractéristiques des mariages occidentaux : des fêtes et des cérémonies qui se ressemblent sur la forme mais sont illuminées par les sentiments véritables et l’émotion des personnes présentes. Car, Jean-Paul insiste, ces sentiments sont bien là :

« Je sais que nombre de faux prêtres commencent avec beaucoup de cynisme, voire de dédain envers les Japonais qu’ils marient. Car [dans les chapelles], tout est en toc, tout est souvent très kitsch.
« Mais je pense aussi que la plupart des faux prêtres finissent par s’émouvoir des couples qu’ils marient, des larmes de joie, de l’émotion des parents. Je me suis vite senti une responsabilité, car je présidais à un des jours les plus importants de la vie de beaucoup de personnes. »

Il se trouve que mon ami est athée, ce qui simplifie les choses vis-à-vis de sa conscience de faux prêtre. Cependant, il n’est certainement pas désabusé ou cynique, et je lui ai donc demandé quels avaient été ses sentiments à propos de son travail. Il y a longuement réfléchi :

« Je pense que cette expérience m’a permis de me rendre compte d’une vérité profonde, inhérente d’ailleurs à la spiritualité japonaise : la sacralité n’est pas extérieure et transcendante, elle est intérieure et immanente. Ce qui rend un mariage sacré, c’est la solennité de l’instant, le rituel, les émotions partagées.
« Il n’y a pas besoin de Dieu pour que ce moment soit unique. »

« La question de savoir si j’étais un vrai prêtre ou non n’est jamais venue. Je crois que la distinction sacré/profane ou laïc/ordonné n’est pas très pertinente ou claire pour les Japonais, ajoute Jean-Paul.
« On m’a demandé si je faisais ça depuis longtemps étant donné mon jeune âge (j’avais 23 ans). Je disais que je commençais depuis peu mais que j’avais déjà marié de nombreux couples, pour les rassurer. »

Il est vrai que la différence laïc/ordonné n’est pas la même au Japon – par exemple, un moine bouddhiste peut n’être moine que pour un temps donné, et n’entre pas forcément en religion pour sa vie entière. Cette différence explique que nombre de japonais ne se posent pas de questions sur le statut du « prêtre » qui officie à leur mariage.
Cependant, il ne faut surtout pas exagérer leur ignorance ! En effet, de mon côté, c’est un japonais, le père de mon amie qui s’est mariée à la fois selon le rite shintô et durant une cérémonie pseudo-chrétienne, qui m’a introduite au concept de « faux prêtre ». Me montrant fièrement un enregistrement vidéo du mariage de sa fille dans une chapelle décorée de boiseries, il pointa du doigt l’officiant en chasuble, un tout jeune homme avec un accent yankee, et me dit en riant (et en anglais dans le texte) « Look ! A fake priest ! That’s a fake priest, you know ! ».
Ainsi avait-il marié sa fille.

Pour revenir à ce que disait fort justement Jean-Paul sur l’émotion et la portée spirituelle du moment pour les mariés, il me semble juste de soulever un dernier point. Ce point est, tout simplement, que la liturgie chrétienne du mariage est incroyablement touchante. Et, étant athée, je peux le dire avec toute l’impartialité du monde.
Il me semble que n’est pas un hasard. La civilisation occidentale, depuis les troubadours jusqu’au romantisme du XIXe siècle, est celle qui met le plus l’accent sur l’amour romantique ; depuis le XIXe siècle, c’est cette vision de l’amour, et du mariage en tant que consécration d’un lien amoureux, que nous exportons progressivement en même temps que d’autres aspects de notre culture. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’histoires d’amour dans la littérature japonaise traditionnelle, évidemment. Mais, pour paraphraser Denis de Rougemont dans « l’Amour et l’Occident », la civilisation occidentale donne à l’amour romantique une portée particulière.
En effet, notre civilisation fait de l’amour entre deux personnes un reflet de la recherche du divin ou, dans le cas du christianisme, de l’amour de Dieu pour son peuple. Le terme d’Agape, qui désigne à la fois l’amour que Dieu porte à l’Homme et celui qui unit deux époux, en témoigne. Dans les liturgies chrétiennes du mariage, on mentionne immanquablement l’Epitre aux Ephésiens : « Maris, aimez vos femmes comme Christ a aimé l’Eglise. »

Nous sommes de grands romantiques.

Nous sommes de grands romantiques et nous ne le savions même pas.

Le contraste est marqué avec des rites comme ceux du shintô qui parlent beaucoup moins d’amour. Souvent, ces rites mettent l’accent sur des choses tangibles, comme prier pour la fertilité future du couple ou sa prospérité matérielle ; ou encore, ils insistent sur l’alliance qui se noue entre deux familles.
Certains de ces aspects sont évidemment présents dans la liturgie chrétienne, mais ce qui me préoccupe ici est de dire en quoi elle se distingue. Pour parler comme un expert en marketing, il nous faut définir son USP (« Unique Selling Proposition »).
Bref, je suis en train de vous dire que, comparativement, le christianisme est la religion de l’Amour. J’ai l’impression d’avoir réinventé la roue : puis-je maintenant aller faire le catéchisme dans mon ancien lycée privé catholique ?

Ce romantisme de la cérémonie est bienvenu car le mariage, au Japon, peut être un engagement passablement angoissant. Il doit prendre en compte des considérations matérielles. En effet, une épouse, si elle a des enfants, s’attend à devoir abandonner sa carrière et dépendre entièrement de son mari pour sa subsistance et celle de ses enfants : cela la force à tenir compte des questions d’argent dans le choix d’un futur époux. De plus, on attend également de l’épouse qu’elle prenne en charge ses beaux-parents une fois que ceux-ci seront âgés, etc. C’est ce qui explique que de plus en plus de japonaises ne souhaitent pas se marier ou, dans une conjoncture économique peu rassurante, avoir d’enfants. De plus, puisqu’il est attendu du mari qu’il soit capable de soutenir financièrement sa famille tout seul, la situation n’est pas non plus rassurante pour lui.

Le résultat est que, malgré les politiques natalistes, la fécondité connait une baisse constante depuis les années 1970 et le nombre de mariages a également connu un recul sensible avant de se stabiliser au niveau (stagnant) actuel : en 2010, parmi les 30-34 ans, le taux de célibat atteignait 47% chez les hommes et 35% chez les femmes.

Se marier dans ces circonstances n’est évidemment pas toujours facile.
Un autre aspect est que l’accès à la contraception et surtout à l’avortement sont très réduits au Japon. Parallèlement, il est toujours très mal vu d’avoir un enfant hors mariage – 3% des enfants japonais naissent hors mariage contre autour de 50% dans les pays occidentaux. Mon ami confirme ce dont nous nous doutions déjà :
« Une anecdote : j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de grossesses surprises et beaucoup de mariées enceintes de cinq ou six mois. »

Devant un futur incertain et qui ne sera pas amusant tous les jours, une cérémonie pour prononcer des vœux d’amour et de soutien entre époux, à jamais et pour le meilleur et pour le pire, permet de respirer et de songer à des choses belles. Cela me semble un réconfort mérité pour un jeune couple qui s’engage sur des chemins incertains.

Qui s’y engage sous l’égide d’un faux prêtre de vingt-trois ans vêtu d’une chasuble d’emprunt.

Oui, le monde est bien étrange.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

(1) J’ai même peur qu’il ne s’appelle Jean-Paul II et qu’il ne vienne donc de placer sournoisement une blague d’athée. En effet, lorsque je lui ai demandé sous quel pseudonyme il souhaitait apparaître ici, il m’a répondu « je me nomme Jean-Paul, fils de Paul, descendant de Pierre. Tous ceux qui errent ne sont pas perdus ; Renouvelée sera l’épée qui fut brisée ». C’est évidemment une référence à Aragorn du Seigneur des Anneaux. Or, à la fin du roman, Aragorn monte sur le trône de Gondor et d’Arnor sous le nom… d’Aragorn II. Mes amis sont vraiment tous des geeks : je les ai bien choisis.
[ Retour au texte]

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Interview de Jean-Paul, faux prêtre au Japon de septembre 2007 à mars 2008

Vous trouverez ci-dessous les questions que j’ai posées à mon ami et ses réponses complètes. Je suis parfaitement consciente que le sujet est sans doute un casse-tête pour des chrétiens, et vous avez tout-à-fait le droit d’exprimer votre désapprobation dans les commentaires – tant que c’est fait de manière réfléchie, je ne compte pas censurer quoi que ce soit. Je dis d’ailleurs ça entièrement pour les gens qui passent ici pour la première fois, je connais mes amis et ils sont tous des gens formidables et bien élevés – je ne les mérite donc pas.

Si vous êtes mort de rire, vous avez le droit de le dire aussi et je vous comprends bien.

Background :

Comment as-tu commencé à faire ce métier ? Tu me l’as déjà un peu raconté, mais tout le monde à part moi sera curieux de le savoir.

J’étais étudiant en échange dans une université japonaise en 2007. Je recevais une petite bourse de la part de l’établissement mais je souhaitais pouvoir dépenser plus d’argent dans des restaurants horriblement chers. Enseigner l’anglais comme la plupart des étudiants en échange m’ennuyait beaucoup.

C’est alors que mon colocataire, un Australien qui étudiait la géopolitique en Asie, est retourné chez lui à Sydney. Avant de partir, il m’a informé que son employeur était à la recherche de quelqu’un pour le remplacer. J’ai appris à ce moment là qu’il était bokushi (牧師), pasteur, dans une église.

Je lui ai dit que je n’était pas protestant, ni même croyant d’ailleurs, et que je ne comptais pas me faire ordonner, mais il m’a répondu que ce n’était pas un problème. Tout ce dont j’avais besoin était d’être occidental, avoir une tête sympathique et être capable de prononcer de façon compréhensible du japonais.

Quelle a été ta réaction lorsque l’on t’a proposé ce travail ? Savais-tu déjà que ce genre de choses existait ?

J’ai découvert ce travail à ce moment là. J’ai été surpris, mais contrairement à plusieurs personnes dont j’ai appris par la suite qu’elles avaient réagi en premier lieu par un sentiment de malaise, de ne pas être sûr qu’il n’y avait rien de sacrilège là-dedans, je confesse avoir été avant tout très excité.
Pour moi le Japon était une grosse boîte de chocolat, et je voulais goûter à tous les chocolats.
Être pasteur à Tokyo me semblait être une formidable expérience.

Combien de temps as-tu passé à « consacrer ta vie à la religion » ?

J’y ai passé sept mois, de septembre 2007 à mars 2008.
Mes horaires étaient très flexibles, mais j’y consacrais en moyenne cinq heures par dimanche, trois dimanche par mois.

Et combien étais-tu payé ?

J’étais payé 10 000 yens par cérémonie [n.d.l.r. autour de 70-75€ selon les fluctuations du taux de change], et je pouvais faire entre trois et cinq cérémonies par dimanche. Cela me faisait un revenu moyen mensuel de 120 000 yens par mois, soit environ 1000 euros. Avec les 50 000 yens de ma bourse, j’avais un niveau de vie très convenable pour un étudiant, pour un travail peu fatigant.

[n.d.l.r. : c’est énorme pour un petit travail. Je m’étrangle.]

Pratique :

De quel type de rite s’agissait-il ?

Je pense que personne n’aurait été capable de le dire ! La question ne se posait pas, mais c’était un rite de type protestant. On m’appelait bokushi, ce qui apparemment signifie plus pasteur que prêtre.
Tout correspondait à ce que l’on voit dans les films américains, ce qui est la référence pour les nombreux couples japonais.

Durant combien de cérémonies as-tu officié ?

À raison d’environ douze cérémonies par mois durant sept mois, j’imagine qu’environ quatre-vingts couples japonais ont été mariés par mes soins.

En quoi a consisté ta « formation à la prêtrise » ?

Une formation théorique de quelques heures, qui consistait surtout à savoir lire les phrases convenablement, à connaître le déroulement de la cérémonie et comment réagir selon certaines situations. J’avais par exemple des instructions à suivre si la mariée pleurait trop et que nous ne pouvions pas continuer : lui dire des phrases réconfortantes, faire chanter le chœur le temps qu’elle se reprenne…

Ensuite il y a la formation pratique, qui dure aussi quelques heures, où il s’agit de tout mettre en scène et de répéter les bons gestes, comme tendre la boîte avec les alliances.
On insiste aussi sur la posture, le ton de la voix, la manière de sourire, etc.

Où se déroulait le « service » ?

Le service se déroulait dans une église appartenant à la société qui m’employait. Je ne me souviens plus de l’adresse exacte, mais ce n’était pas loin de Shinjuku.
Quelque fois, j’ai officié dans la chapelle d’hôtels.

Quels étaient tes collaborateurs réguliers dans cette affaire (ton « patron » mais aussi les choristes, musiciens s’il y en avait…) et leur nationalité ?

Le chef de la société était japonais et j’avais aussi une supérieure japonaise qui surveillait pendant les cérémonies que tout se passait bien, et pouvait intervenir si besoin.
Il y avait aussi des choristes, qui étaient japonaises. Une fois il y a eu un chœur d’afro-américaines. (Gros mariage !) Mais la plupart du temps, seuls les prêtres sont occidentaux.

Quelle était ta relation avec les mariés ? Les voyais-tu avant la cérémonie, et sais-tu s’ils étaient au courant de ton statut de laïc ?

Je saluais les mariés avant le début de la cérémonie et restais parfois un peu avec eux et leurs parents pendant que la salle était préparée. Certains m’invitaient à participer après aux cocktails, mais j’ai presque toujours poliment décliné.

La question de savoir si j’étais un vrai prêtre ou non n’est jamais venue. Je crois que la distinction sacré/profane ou laïc/ordonné n’est pas très pertinente ou claire pour les Japonais.
On m’a demandé si je faisais ça depuis longtemps étant donné mon jeune âge (j’avais 23 ans). Je disais que je commençais depuis peu mais que j’avais déjà marié de nombreux couples, pour les rassurer.

Raconte-moi comment se déroulait la cérémonie et la répétition si tu y assistais. Dans quel langue conduisais-tu le « service » ? Si c’était en anglais, y avait-il un interprète ?

J’avais une fausse bible, où à l’intérieur étaient écrits tous les textes à lire et les détails du déroulement de la cérémonie. C’était toujours en japonais et anglais, avec plus ou moins de japonais et d’anglais selon les goûts des couples. Certains voulaient beaucoup d’anglais pour l’exotisme, d’autres beaucoup de japonais pour mieux comprendre ce qui se passait.
Tous les textes étaient écrits en caractères latins, même le japonais, ce qui facilitait grandement la tenue de la cérémonie.

Tout le monde s’installait dans la chapelle, puis j’arrivais. Je demandais à l’assemblée de se lever, puis entraient le marié puis la mariée, accompagnés de leur mère et père. Nous chantions tous ensemble un chant classique religieux qui pouvait changer. Comme je chante très faux, les choristes prenaient souvent les choses en main après la première phrase.
Ensuite je demandais à tout le monde de s’asseoir et venait le temps des lectures de passages de la bible et des vœux aux mariés. Ces vœux étaient rédigés par ma superviseuse après s’être entretenue avec les mariés à l’avance.
Je demandais ensuite aux mariés de répéter après moi les vœux de mariage. Puis je tendais les alliances aux mariés, puis je leur demandais de s’embrasser, puis de signer des papiers qui n’ont rien de légal. (C’est simplement un souvenir.)

Puis encore des chants, des bénédictions en japonais et anglais et enfin la sortie des mariés de la chapelle accompagnés par des chants ou de la musique (de la Jpop, de la musique épique de film, des chansons d’amour des années 50 en japonais, n’importe quoi) et l’assemblée jetait des pétales de rose sur les mariés.

Toute la cérémonie ne devait pas durer plus de trente minutes, car il y avait un mariage toutes les heures et il fallait laisser assez de temps pour préparer la chapelle pour les mariés suivants.

Avais-tu après coup des conversations avec les mariés, les invités ?

Peu souvent après coup avec les mariés, trop occupés. En revanche, je pouvais discuter avec eux avant la cérémonie. Parfois, les invités venaient me parler, surtout ceux qui parlaient un peu anglais et voulaient s’exercer. On me demandait parfois des détails sur le sens de tel passage de la bible que j’avais lu. Mon talent pour l’improvisation pouvait alors s’exprimer.

Tes sentiments personnels :

Il se trouve que je sais que tu es athée, ce qui change un peu la donne, mais puisque tu as malgré tout grandi dans un pays où la religion n’est pas du tout considérée de la même manière j’aimerais connaître tes impressions et tes réflexions profondes à propos de ce fabuleux job d’été, s’il y en a.
Si tu connaissais d’autre « prêtres », et s’ils étaient eux croyants, des retours sur leur expérience m’intéresserait d’ailleurs aussi.

Il y a des vrais prêtres au Japon, mais trop peu pour répondre à la demande, car si seulement 1% des Japonais sont chrétiens, je pense que ¾ des Japonais se marient à « l’église ». [n.d.l.r. de 60 à 70% selon les chiffres officiels, donc nous n’en sommes pas loin]

Presque tous les faux prêtres sont des étrangers, souvent très peu religieux. Car justement le fait d’être croyant donne l’impression de commettre un sacrilège à certains.
Je sais que beaucoup de faux prêtres commencent avec beaucoup de cynisme, voire de dédain pour les Japonais qu’ils marient. Car tout est en toc, tout est souvent très kitsch.
Mais je pense aussi que la plupart des faux prêtres finissent par s’émouvoir des couples qu’ils marient, des larmes de joie, de l’émotion des parents. Je me suis vite senti une responsabilité, car je présidais à un des jours les plus importants de la vie de beaucoup de personnes.
Je pense que cette expérience de faux prêtre permet de se rendre compte d’une vérité profonde, inhérente d’ailleurs à la spiritualité japonaise : la sacralité n’est pas extérieure et transcendante, elle est intérieure et immanente. Ce qui rend un mariage sacré, c’est la solennité de l’instant, le rituel, les émotions partagées.
Il n’y a pas besoin de Dieu pour que ce moment soit unique.
Et il n’y a pas besoin d’être un vrai prêtre pour se sentir habité d’une mission sacrée.

[n.d.l.r. J’ajoute que, d’après mes recherches, lorsqu’une personne vraiment religieuse (ou même ordonnée) souhaite officier dans ce genre de cérémonie, cela peut en fait être un problème puisque l’officiant n’est pas supposé prêcher : ce n’est pas ce que l’assemblée est venue voir.]

Y a-t-il une chose que tu veuilles ajouter, ou une anecdote que tu souhaites partager ?

Une anecdote : la contraception est une galère monumentale au Japon. Il est difficile de se faire prescrire la pilule et l’avortement est un parcours du combattant.
Du coup, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de grossesses surprises et… beaucoup de mariées enceintes de 5 ou 6 mois.

Merci de ce témoignage. Je vais maintenant y réfléchir pendant plusieurs jours en secouant la tête toute seule dans la rue sans que personne autour de moi ne comprenne ce qui m’arrive.

13 réponses à “Comment devenir un faux prêtre au Japon – une interview

  1. Bonjour
    Merci pour cet article bien écrit et intéressant!
    Je suis actuellement au Japon.
    Aurais-tu des contacts pour travailler en tant que faux prêtre ?
    Merci !
    Jules

  2. Vous rapportez « « Je sais que nombre de faux prêtres commencent avec beaucoup de cynisme, voire de dédain envers les Japonais qu’ils marient. Car [dans les chapelles], tout est en toc, tout est souvent très kitsch. »

    Vous appelez ça travailler à la compréhension entre les peuples?

    Eh moi je sais que tous les papous se moquent des californiens, dans le même genre.

    Ce que vous appelez « faux prêtres » semblent être des protestants de l’espèce la plus cristalline: Scriptura et Gratia.

    Mais bref, peace.

    • C’est triste à dire, mais si la compréhension entre les peuples passait par mon ami le faux prêtre qui ne parle pas japonais mais a un gentil sourire, les peuples s’entendraient sans doute mieux, sur un malentendu.

  3. Pingback: Je n’abandonne pas ce site, mais j’abandonne mon ordinateur et je vais au Japon | Heroic (Fantasy) Writer

  4. Je me permet de rajouter que dans le mariage catholique le prêtre n’est qu’un témoin du mariage, il ne consacre rien du tout. C’est le seul sacrement qui se fait directement entre les personnes concernées et Dieu sans intervention du prêtre.
    Voilà pour ma petite pierre à ton article 🙂

  5. Merci pour ce bel article, je ne connaissais pas du tout cet aspect du Japon. Ca ne m’étonne pas, et je dois dire que ça ne me choque pas non plus. Peut-être parce que je considère qu’effectivement la seule chose qui compte, c’est le bonheur des mariés à l’instant où ça se passe. Et toute religion prêchant l’amour devrait pouvoir voir ça.

  6. Ce clip. L’air coincé du curé. Son accent.

  7. Note : j’ai aussi trouvé un article de « la Croix » qui a réussi à mettre la main sur un vrai prêtre qui officie lors de mariages japonais. Son témoignage apporte un contrepoint intéressant. Par ailleurs, l’article passe chastement sous silence la prédominance des faux prêtres, ce qui est extrêmement adorable.
    http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/L-etonnant-succes-du-mariage-chretien-au-Japon-2013-06-11-971863

  8. La vision syncrétique de la religion ressemble aussi aux premiers temps de l’église. Qui pour évangéliser le plus de monde tolérait des différences de cultes, sous réserve que le dogme était conservé. On a eu par exemple des absorption d’anciens dieux dans les figures chrétiennes. Le panthéon celte a été partiellement repris, les dieux bons transformés en saints, anges et archanges; les mauvais en démons. Si je me souviens bien Lud dieux de la lumière a été assimilé à Saint Michel.

    Après c’est assez intéressant, même pour un croyant, certes pas très fervent, de découvrir cet aspect de la culture japonaise, qui n’est pas sans rappeler les chapelles de Vegas et les mariages minute.

    • Et excellente remarque concernant l’Eglise des premiers temps (on peut aussi penser à la christianisation des fêtes du solstice d’hiver pour en faire Noël). Si les religions locales étaient des monothéismes, on pourrait imaginer que les sanctuaires shintô se mettraient à proposer un rite de type occidental pour les mariages de façon à ramener cette fête sous son égide… 😉

      • Enfin, ils pourraient proposer des versions adaptées modernes du rite shintô, avec robe de mariée occidentale.

        • Tout à fait, ce serait dans cet ordre d’idée. Mais, à ma connaissance, ce n’est pas du tout le genre de la maison.

Reponses et commentaires :